vendredi 17 juin 2011

J’AI DE LA SYMPATHIE (ET MEME DE L’ADMIRATION) POUR LUC FERRY

Pour dire vrai, j’en ai toujours eu, avec cependant la retenue que j’ai appris à m’imposer systématiquement vis-à-vis de l’enthousiasme que je pourrais être tenté d’éprouver pour un homme politique.

Mais après l’injuste procès que toute la classe politique se coalise en bloc pour lui faire, je comprends qu’il est des miens, c'est-à-dire que lorsqu’il discute, son cheminement n’est guidé par aucun schéma convenu, mais uniquement par la réflexion que lui inspire le sujet. J’allais dire « librement ». Mais cette liberté semble désormais faire partie du passé.

Agiter des idées nécessite par définition le recours à des mots et des thèmes, mais ceux-ci n’ont plus leur signification d’origine, ils deviennent des symboles qui renvoient à des situations ou des personnalités qui les ont marqués, ce qui les transforme, de vecteurs d’une pensée qu’ils étaient, en signaux.

Le cerveau de la classe médiatico-politique, n’est plus un organe de réflexion sensée, mais une grille comprenant des voyants lumineux qui réagissent à ces signaux pour émettre non plus des raisonnements, mais renvoyer des slogans qui n’ont plus rien à voir avec le sujet à traiter et qui sont perçus en fonction de ce que l’actualité médiatique vient de mettre sous le feu des projecteurs.

Dans l’affaire Strauss-Kahn, il était de bon temps, du moins « à chaud » de diaboliser le présumé-innocent mais présenté comme-coupable-riche-puissant-et-masculin, pour s’épancher sur la plaignante : africaine-défavorisée-et faible-femme ce qui devait tout naturellement conduire la bien-pensance à condamner DSK « sans autre forme de procès », comme on le dit chez Lafontaine dans « le loup et l’agneau ». Sauf qu’aujourd’hui, c’est l’agneau qui attaque avec le puissant soutien des appareils. A un point tel que dire une évidence telle qu’ « il n’y a pas eu mort d’homme » a de quoi déchaîner toute une opinion qui, si on devait aller dans son sens, nous ferait croire que c’est pire encore. Etre « pressant» dans ses avances masculines serait aujourd’hui plus grave (74 ans de prisons) que des crimes de sang en série (30 ans). Et je persiste à maintenir face à toutes les « Gisèle Halimi » du monde, qu’il n’y a pas eu mort d’homme.
Luc Ferry a voulu, non pas relativiser ni minimiser la présumée agression sexuelle imputée à DSK. Il s’est simplement détaché de toute la symbolique et des projecteurs actuellement braqués sur cette affaire, pour seulement raisonner avec « sa tête » (c'est-à-dire en « philosophe » et non pas en « politique »). Il a simplement voulu rappeler que bien des faits qui auraient pu représenter des « affaires », s’ils avaient été médiatisés, ne sont que phénomènes courants.
L’hypocrisie de la classe médiatico-politique consiste à faire semblant de découvrir ces pratiques. Luc Ferry n’a fait que parler vrai. Donc, Haro sur Luc Ferry ! On dit bien chez Guy Béart : « Le témoin a dit la vérité, il doit être exécuté ». On le fait violemment, sans nuances, et avec maladresse. Ce qui est frappant c’est l’unanimité de ce lynchage qui dépasse tous les clivages politiques et médiatiques, comme si chacun se sentait visé. Apparemment, ils « se tiennent tous par la barbichette ». On ne pouvait imaginer plus éclatante démonstration.

lundi 6 juin 2011

QUE DE MILLIARDS NE FABRIQUE-T-ON PAS POUR NOUS CULPABILISER

60 milliards d’euros ! (ou de dollars ?) Je ne m'en souviens plus ; et d’ailleurs cela n’a aucune importance puisqu’ils n’existent que dans le cerveau fertile de nos grands technocrates statisticiens.
Je viens d’écouter cela à la radio, et j’en tremble encore : c’est ce que coûterait annuellement la contrefaçon. Vous savez, ces sacs Louis Vuitton, et autres montres Cartier ou Rolex.

Oui 60 milliards ! Pire que Madoff ! Cette fois, les escrocs c’est vous et moi, pour avoir acheté au détour d’une semaine en Asie ou au Maroc quelques objets ou vêtements de pacotille imitant des signatures prestigieuses (mais tout autant de pacotille) qu’elles vous vendent à des prix indécents, sous la bénédiction de ces hautes autorités morales que sont nos gouvernants, qui nous accusent.

Mais comment a-t-on calculé ce gigantesque manque à gagner. Certes, si les consommateurs avaient payé au prix fort toutes ces marchandises, peut être atteindrions nous de tels montants. Mais les auraient-ils achetées ? D’une part. Et d’autre part, en quoi les profits de ces multinationales dont le plus clair, via des sociétés-gigognes, atterrit dans des Paradis Fiscaux échappant à l’impôt, représenteraient-ils un tel manque à gagner pour les états ? Oui les pubs. Mais elles aussi (déductibles) sont justement faites pour échapper à l’impôt et faire consommer des « gogos ».
L’emploi : Tu parles ! Derrière ces brillantes affiches et catalogues en papier glacé, tout le monde sait qu’il y a des enfants du tiers-monde rivés sur des chaînes plus de 15 heures par jour sans espoir d’une quelconque scolarisation, payés au bol de riz et sans aucune protection sociale. Ces prestigieuses signatures qui engrangent des millions reposent, nous le savons, sur cet esclavage intolérable.
Ajoutons que les têtes couronnées parées de ces luxueux originaux, pour la plupart d’entre elles, se les font offrir par les grandes enseignes qui vont en déduire fiscalement les montants ; ce qui non seulement ne rapportera rien à l’Etat, mais bien au contraire génèrera un manque à gagner supérieur à celui résultant d’un achat contrefait, sauf à imaginer le Prince Albert de Monaco par exemple, allant faire ses courses sur le marché de Vintimimille !

Un autre type de pharaonique « manque à gagner » préoccupe nos argentiers, c’est le téléchargement sur le « Net ». Ils redoutent un effondrement des profits des grands groupes de distribution de films et de musiques lourdement affectés par ces pratiques. Mais là aussi, les auraient-ils achetés ces musiques et ces films ? Sur le « Net » où fleurissent en toute impunité toutes sortes de comportements criminels, où l’on fomente des attentats, où l’on dépersonnalise, où l’on présente des tortures et des viols, où l’on conduit des adolescents au suicide etc. Eh bien, nos législateurs n’ont retenu comme criminel, que le téléchargement ! La morale, on s’en fout, mais ne touchons pas au gros fric des « petits copains » : dans cet océan d’impunité cautionné par notre sacro-sainte Liberté, qui va-t-on arrêter ? Les criminels ? Les proxénètes ? Pas toujours. Non c’est ce malheureux gamin de quinze ans que les policiers vont traumatiser à jamais en débarquant dans sa chambre de bonne pour lui passer les menottes. Il n’a pourtant rien contrefait, il était chez lui et a téléchargé les chansons de ses idoles, comme jadis nous le faisions tous avec un magnéto ! Eh bien non, les temps ont changé, on ne plaisante plus avec le fric. Politiques, vedettes du show-biz, grosses firmes : tout cela se tient, c’est chasse gardée. On légifère Hadopi. Vous, vous n’êtes bon que pour raquer. C’est la nouvelle donne.